Marche aventureuse

En octobre de l'année derniere, nous avons décidé avec un ami de faire à pied la piste qui remonte le long du lac afin de controler si son état permet le passage d'un véhicule 4x4.
Nous sommes donc partis de Kalya et nous avons remonté vers Lufubu camp ( poste des rangers du parc national) et l'avons longé par l'est. Apres une marche de 35km, nous nous sommes arrêtés dans un petit village.


Marche autour du Parc                                        Compagnons de route

Nous nous sommes mis à l'aise pour préparer le repas et nos couches; nous avons donc retiré nos chaussures pour laisser respirer nos pieds; une mouche tsé tsé en a profité pour me piquer juste sur le tendon d'achille gauche.
Une piqure de tsé tsé gonfle et devient comme un petit oeuf de pigeon; c'est désagreable dans le sens ou ça pique beaucoup et on passe son temps à se gratter.
Le lendemain nous avons prévu de faire le parcours jusqu'à Lukoma, tout au nord du parc, soit 45km. C'est l'endroit ou nous retrouvons la piste qui longe le lac.
Nous avons été surpris de trouver en brousse une véritable autoroute (comprenez une piste pour véhicule, trés praticable). En fait c'était un secteur où passaient des camions d'une société minière qui prospecte dans le coin (ils cherchent les gemstones!) et avec leur gros engins ils créent des pistes larges à force de passer et repasser. 
Cette piste nous a permis de maintenir une bonne cadence, dans les 6km/h sur plusieurs km avant de la quitter car nous continuons vers le nord et elle vers l'est.
Mon pied, que j'avais oublié, me rappela à l'ordre car il n'appréciait pas ce rythme et quand nous avons atteint une rivière avec de l'eau (car il y a beaucoup de rivières sans eau en dehors de la saison des pluies) nous avons enlevé nos chaussures et pris un bain.
J'ai pu à ce moment constater les dégats; la cheville commencait à doubler de volume et nous étions à peine à mi parcours et pas question de s'arrêter.
Le redémarrage était dur mais après quelques centaines de metres, le pied, de nouveau chaud accepta la cadence, surtout à cause de l'eau froide de la rivière.
Nous sommes arrivés en fin d'apres midi a Lukoma, exténues, mais moi dans un piteux état car je marchais à l'aide d'un bambou.
Nous avons décidé de rester une journée entière au repos pour aider au retablissement de la cheville et pour recupérer de ces 80km en 2jours.
Nous avons entendu à Lukoma que le DC (District Commissioner) arrivait aussi le lendemain, à pied et par la piste que nous allons prendre; il y avait de grandes chances pour que nous nous croisions.
Nous avons donc repris la piste, avec mon pied qui n'avait pas beaucoup changé d'aspect, mais je ne pouvais pas attendre plus, il devait suivre (me revenait en mémoire des vieux clichés du genre "marche ou crève" et c'était tout à fait de mise en ce qui le concernait). Nous étions partis pour une autre étape de 45 km.
La piste est vraiment impraticable en véhicule, car si les 20 premiers km à partir de Lukoma sont acceptables, nous nous trouvons avec des tranchées énormes à franchir; dans un village des consignes ont été données pour qu'ils construisent un pont.


Passerelle sur une tranchée                            construction d'un pont

Nous sommes tombés sur le DC et sa délégation dans la brousse, au moment ou nous sommes sortis d'une tranchée.
Ils étaient prés d'une quinzaine et pour la plupart sortis des bureaux car ils semblaient sur les genoux, même les militaires au ventre bien portants.
Inutile de vous dire que croiser le DC en pleine brousse, c'est un point tres positif pour nous. Pour ceux qui se demandent pourquoi, contactez moi je vous expliquerai en details.
Sur le chemin nous avons croisé des écoliers qui allaient à l'école et comme nous sommes partis très tôt, nous avons pu bénéfiecier d'un beau paysage.

Ecoliers se rendant à l'école                                         Paysage à 5.45h du matin

Nous avons avancé jusqu'au village de Herembe, soit en gros 30 km parcourus; mais j'ai été obligé de constaté que ma progression devenait de plus en plus difficile et que notre objectif de Sigunga, environ 15 à 20 km plus loin ne pourrait jamais être atteint, en tout cas pas cette fois.
Nous avons opté pour la sagesse et pour le retour en bateau jusqu'à Kigoma. Il y avait justement un bateau qui été arrivé et partait a 17.00h.
De retour à Kigoma, j'ai mis 5j à marcher normalement et ma cheville est resté gonflée une bonne semaine.

Cheville à Herembe                                                    Cheville à Kigoma

Moralite, si une tsé tsé vous pique au tendon d'achille, mieux vaut attendre que ca passe avant d'envisager de marcher 120km.